Photo © AMF46 – P. Lasvenes


« Ce que des hommes imaginent, d'autres peuvent à leur tour l'entreprendre.
Les 24 et 25 juin 1950, emmenés par quelques visionnaires, les habitants de Cahors et du Lot
ont su imaginer un monde sans frontières, une humanité unie et plus forte,
une société internationale solidaire, fondée sur le droit et l'égale dignité de tous. »

Lionel Jospin, Premier ministre, juin 2000


AUX ÉLUS DU LOT

 

Héritage

Texte de Christophe Tillie, lu au Congrés des maires et des élus du Lot
réunis le 6 octobre 2019 à Prayssac

 


Photo © AMF46 – P. Lasvenes

Il y a 70 ans, Cahors adoptait, par délibération du Conseil Municipal, la « Charte de Mondialisation ». Une consultation populaire recueillit 59 % d’électeurs en faveur de cette Charte. Cahors se déclara alors : « Cahors Mundi », Cahors ville du Monde. Dans les mois qui suivirent, nous étions 239 communes sur 330, que comptait notre département, à adopter cette Charte, soit par délibération du Conseil Municipal, soit par Référendum.

Voici le premier article de la Charte : « Nous rappelons que notre sécurité et notre bien-être sont liés à la sécurité et au bien-être de toutes les villes et communes du monde ».

Puis ce fut le Département tout entier qui se déclara « Territoire Mondial du Lot ».

Bien que le terme de « mondialisation » créé à l’époque ait perdu aujourd’hui son sens initial, la nécessité d’une société mondiale respectueuse des humains ne reste-t-elle pas d’actualité ?

En juin 1950, l’inauguration de la « Route sans Frontières N°1 » a marqué la mémoire locale par son aspect novateur et l’engagement de femmes et d’hommes partageant des idéaux de fraternité et de paix. Cette Route Mondiale, route de la Paix, a largement été soutenue par la population, les élus locaux ainsi que par des personnalités nationales et internationales. Elle devait lier les villes entre elles, les États entre eux, les hommes entre eux, faisant fi des frontières. Nous étions, à ce moment là, tous Citoyens du Monde.

Cahors, Lamagdelaine, Laroque-des-Arcs, Vers, Saint-Géry, Bouziès, Tour-de-Faure, Saint-Cirq-Lapopie, puis Figeac, puis plus rien. Inexorablement interrompue par une guerre de plus, encore une.

Depuis mai 2019, la ville de Cahors est adhérente de l’Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix, qui affirme que les autorités locales sont au plus près des citoyens pour mener des actions concrètes pour la culture de la Paix, et parvenir à des villes sûres et résilientes.

 

Que reste-t-il de cet héritage, de notre héritage ?

Notre Route sans frontières se doit d’être à double sens !

Parce que le droit d’asile est internationalement reconnu par la Convention de Genève de 1951 et inscrit dans la Constitution française. Il permet de protéger toute personne victime de persécution. 

À cause des guerres, qui provoquent l’exode de millions de personnes, la question des personnes réfugiées en raison des persécutions liées à la religion, aux idées politiques mais également au genre ou aux orientations sexuelles, est de nouveau d’une actualité brûlante.

Ce n’est pas la volonté des peuples de déclencher une guerre, mais celle des tyrans. L’exode (au sens de chemin de migration) est de plus en plus tragique et éprouvant, en raison des barrières ou de murs qui sont érigés par les politiques de contrôle des États.

Aux yeux des pouvoirs publics, ces hommes, femmes et enfants sont des personnes migrantes qu’il faut dissuader de continuer leur fuite désarmée, au lieu de leur assurer une protection.

Il devient de plus en plus difficile pour des personnes étrangères voulant vivre en France d’obtenir un titre de séjour. L’administration multiplie les dispositifs de privation de liberté et de contrôle de personnes n’ayant commis aucun crime, aucun délit. Soit, il y a des réglementations, mais il y a aussi leurs interprétations. Parmi ces personnes, des familles avec des enfants scolarisés, des travailleurs, dont certaines d’entre elles sont exposées à des risques dans leur pays d’origine. Et on les retrouve parfois sans hébergement, au mépris de leurs droits fondamentaux.

Ainsi, on voit resurgir ici et là le sempiternel débat sur les questions migratoires. Peut être pour des raisons électorales ! Alors que ce n’est pas la première préoccupation des citoyens, qui arrive bien après les questions environnementales, de pouvoir d’achat, de service public.

De tout temps et en tout lieux, des communautés différentes ont cohabité, et cohabitent encore en harmonie, par la bonne volonté des hommes.

 

Christophe Tillie
Texte lu devant les maires et élus du Lot, le 6 octobre 2019

 

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