CARTE DES COMMUNES MONDIALISÉES DU LOT
Dès 1949, le Lot avec un ensemble étonnant affiche son appartenance à un monde qui serait sans frontières

 

« Le geste généreux accompli par le Lot peut devenir pour lui l'occasion d'une renaissance.
C'est de chez nous que partira l'Appel qui doit changer la face du monde,
comme est partie de Vizille en 1788 l'idée des États Généraux et de la Révolution. »


Louis Sauvé, président du Conseil de mondialisation du Lot, reprenant les
arguments de Robert Sarrazac pour sa demande de soutien au Conseil Général du Lot

 

 

LA FOLLE ÉPOPÉE DU LOT MONDIALISÉ

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CAHORS-MUNDI 1949-50

La folle épopée du Lot mondialisé

 

Article de Philippe Seel & Andrée Barbaroux,
paru dans Dire Lot n° 24, oct.-nov. 1990.
Documents Louis Sauvé

avec en notes les précisions et rectifications de Michel Auvray (oct. 2018)

 

 

En 1949-50, le Lot s’enflammait pour le projet d’une planète sans frontières, régie par une loi mondiale. Cahors était la première ville à signer une charte de mondialisation, suivie par 248 communes du département. Cet élan magnifique provoqua la venue d’André Breton et d'Orson Welles [1] pour l’inauguration de la première route mondiale, reliant Cahors à Saint-Cirq-Lapopie [2].

 

C’est comme un enthousiasme plein d’espoir, une belle utopie qui s’emparent de Cahors, première ville mondialisée, et gagnent comme une traînée de poudre pacifique 248 communes sur les 340 du département. Qui s’en souvient aujourd‘hui ? L’élan quasi unanime qui aboutit à faire du Lot un « territoire mondial », se produit à la fin des années 40. L’humanité reste secouée par les horreurs de la dernière guerre, le spectre d’Hiroshima hante cette période de « guerre froide ». L’idée d’une communauté européenne n’en est qu’à ses premiers balbutiements, quand déjà une poignée d’hommes rêve d’une planète sans frontières, peuplée de citoyens du monde collaborant pour la paix et la prospérité dans les cellules de base que seraient des communes mondialisées. Beau et vaste programme, lancé par un ancien colonel de la Résistance, Robert Sarrazac [3], et ses amis, fondateurs du « Centre de Recherche et d’Expression Mondialiste ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après la mondialisation de Cahors, son
maire le Dr Calvet (l’homme au marteau)
et les mondialistes expliquent à Paris
les fondements du mouvement lotois
et installent des panneaux indicateurs
symboliques sur le parvis de Notre-Dame.

 

Le colonel Sarrazac - de son vrai nom Robert Soulage - gagne à sa cause des célébrités comme André Breton, Albert Camus, Raymond Queneau, Jean Paulhan, Emmanuel Mounier, l’abbé Pierre... Celui qui deviendra son disciple à Cahors le docteur Louis Sauvé, principal apôtre de la mondialisation du Lot et fondateur du centre départemental de transfusion sanguine, l’un des premiers en France, évoque sa force charismatique : « Pour ceux qui l’ont bien connu l’homme impressionnait par ses connaissances en économie politique internationale, l’étendue et la qualité de ses relations avec des personnalités de la classe politique, scientifique, littéraire ou artistique du monde entier. Il y avait dans sa démarche quelque chose de prophétique qui en faisait un citoyen du monde au sens le plus vrai du terme ».

Puisqu’il avait un groupe de fidèles dans le Lot, c’est donc ce département qui servirait de ballon d’essai pour le lancement d’une charte de mondialisation, en même temps que l’idée se développait au Japon, en Inde, aux USA, au Canada (la ville d’Ottawa, qui n’a pas oublié, commémorait l’an passé le quarantième anniversaire de la mondialisation de Cahors) ainsi que dans la plupart des pays européens.

Le 17 juillet 1949, 3 500 Cadurciens [4] suivent avec passion un meeting organisé sur les allées Fénelon. Ils découvrent le projet incroyable d’une Assemblée Constituante des Peuples, formée de représentants souverains chargés d’élaborer une loi mondiale, élus directement par les citoyens du monde. Et ils apprennent avec une certaine fierté qu'ils ont été choisis pour devenir les premiers habitants de cette planète solidaire et fraternelle. Parmi les orateurs, l’animateur national Sarrazac, le docteur Sauvé, président du Conseil de mondialisation du Lot, l’instituteur Lafargue, et Garry Davis, un personnage remuant qui a défrayé l’actualité quelque temps auparavant en renonçant à la nationalité américaine pour revendiquer le titre de citoyen du monde et se placer sous la protection de I’O.N.U., siégeant au Palais de Chaillot, où il avait planté sa tente...

 

 

 

 

 

 

Garry Davis, premier « citoyen du monde »,
présent au meeting de juillet 1949 à Cahors

 

Nous l’avons personnellement connu en Alsace bien des années plus tard, alors qu’il était devenu représentant en sanitaire, après quelques démêlés avec la justice pour avoir diffusé des passeports de « citoyen du monde », qui ressemblaient un peu trop à des vrais... Mais le mouvement lotois avait très rapidement pris ses distances d’avec cet ambassadeur quelque peu farfelu.

Trois jours après le meeting [5], l’assemblée municipale adopte la charte de mondialisation de Cahors par vingt voix pour et sept abstentions du groupe communiste, mené par Henri Thamier qui reste sur sa réserve. Dans les débats du conseil municipal, on relève cette phrase de M. Mirabel : « Dans ma naïveté, je trouve un peu fort que nous soyons embrigadés sous une bannière américaine ! », traduisant l’une des nombreuses réticences face à un mouvement qui dépasse quelque peu l’entendement. Deux clauses particulières sont ajoutées au texte : « Nous déclarons vouloir ajouter au nom de notre ville le mot Mundi (du Monde). Cahors-Mundi signifiera Cahors du Monde. Nous désirons envoyer par priorité ce message aux deux municipalités de Moscou et de Washington ».

Par ce geste, sans conséquence juridique mais lourd de portée symbolique, les « mabouls cadurciens », comme les surnomme l’Aurore, invitent tous les groupements humains à partager leur vision généreuse. Et même révolutionnaire quand on voit des élus demander au gouvernement de prélever sur le budget de guerre pour financer des élections mondiales (voir le texte de la charte ci-dessous). « Il se pourrait que Cahors et le Lot deviennent bientôt, pour l’essor du mondialisme, ce que fut Vizille en 1788 pour la Révolution française : l’appel de Vizille* donna naissance aux États Généraux de la France. Il n’est pas exclu que l’appel de Cahors et du département du Lot donne un jour naissance aux États Généraux du peuple mondial, préliminaire à l’Assemblée Constituante des Peuples », écrit Robert Sarrazac dans « Peuple du Monde ».

Sa prophétie ne s’est pas réalisée, il ne pouvait pas savoir que quarante ans après, tous idéaux envolés chez nous, la déclaration des droits de l’homme serait noyée dans la mascarade du bicentenaire, et son héritière la charte de mondialisation balayée des mémoires...

 

* Vizille, petit bourg du Dauphiné, a été le premier à réclamer la convocation des États Généraux,
ouvrant l’histoire de la Révolution.

 

 

Charte de la mondialisation

 

1 - Nous affirmons que notre sécurité et notre bien-être sont liés à la sécurité et au bien-être de toutes les villes et de toutes les communes du Monde, aujourd’hui menacées de destruction par la guerre totale.

2 - Nous voulons travailler en paix avec toutes les villes et communes du Monde, coopérer avec elles afin de fonder la Loi mondiale qui assurera notre protection commune, sous l’autorité d’un pouvoir fédéral mondial démocratiquement établi et contrôlé.

3 - Nous appelons villes et communes, entreprises et professions, à envoyer avec nous leurs délégués aux premiers Etats généraux du Peuple mondial, afin de préparer les élections mondiales pour l’organisation de la paix.

4 - Nous revendiquons le droit d’élire directement, à partir de 1950, nos représentants à l’assemblée constituante des Peuples à raison de un délégué par million d’habitants.

5 - Nous demandons à notre Gouvernement de faire des prélèvements nécessaires sur le budget de la guerre pour alimenter le Fonds international qui permettra le financement de ces élections mondiales.

6 - Sans rien renier de notre attachement, de nos devoirs et de nos droits à l’égard de notre Région et de notre Nation, nous nous déclarons symboliquement territoire mondial, lié à la communauté mondiale.

7 - Nous appelons chaque Ville et chaque commune du Monde à se rallier à cette Charte de solidarité des villes et communes menacées.

 

 

 

Le texte de la charte, rédigé définitivement dans un café cadurcien aujourd’hui disparu, à l’angle du bd Gambetta et de la place Briand [6]. Ensuite ce fut la librairie Francès (aujourd’hui Lagarde) qui leur servit de P.C. : le libraire épinglait sur des cartes la poussée mondialiste dans le Lot

 

Mais pour les missionnaires de son mouvement, de toutes appartenances politiques et confessionnelles, l’adhésion en juillet 49 de la municipalité ne suffit pas, il faut aussi obtenir les suffrages de la population cadurcienne. 59 % du corps électoral répond oui à ce référendum extraordinaire, qui voit des « citoyens du monde, se faire enregistrer chez l’épicier, le boulanger, ou au porte à porte... L’un des démarcheurs les plus actifs est M. Gangletas, plus qu’octogénaire, qui a « fait les tranchées », et ne veut pas que les générations futures revivent cela. Ensuite, plus prodigieux encore, les militants sans parti réussissent à convaincre le très sérieux Conseil général du Lot, présidé par le docteur Rougier, qui vote une motion d’encouragement à la poussée mondialiste malgré les méfiances exprimées : les pacifistes ne sont-ils pas des objecteurs de conscience, les apolitiques de la volonté supranationale ne sont-ils pas des apatrides en puissance, voire des anarchistes ?

Il faut dire que dans l’intervalle le docteur Calvet, maire de Cahors, s’est fait un défenseur acharné de la mondialisation dont sa ville est devenue le pionnier : il aura l’occasion de participer à une conférence de presse à Paris, accompagné des docteurs Sauvé et Latrémolière, de MM. Dehan et Mirouze [7], profs et conseillers municipaux, Flottes, Marquis, Baynac, responsable de mouvements de jeunesse, qui expliquent les fondements du geste lotois. Ensuite, toujours symboliquement, ils plantent sur le parvis de Notre-Dame des panneaux indicateurs portant les distances à Cahors et aux principales villes du monde, théâtres des préoccupations de l’heure, avant d’étonner les Parisiens par un défilé d’automobiles arborant des pavillons marqués « Lot, territoire mondial »... Mais le travail sur le tas se poursuit dans les bourgs et villages lotois, passant par la tournée des popotes, les discussions avec les cultivateurs au coin d’un champ... Des textes explicatifs sont même lus dans les écoles et les lycées avec l’agrément de l’Inspection d’Académie, des tracts sont diffusés par avion spécial, piloté par le Dr Barret de Nazaris avec le Dr Sauvé en élève-pilote !...

En 1950, les trois quarts des communes lotoises ont signé la charte, après Cahors, le Conseil général et Figeac, qui se déclare favorable à 82 %, grâce surtout à l’action des docteurs Juskiewenski, maire et Latrémolière, encore des « médecins sans frontière ». Cette dernière ville ajoute une motion : « Nous revendiquons la constitution d’une tribune radio de la conscience mondiale qui exprime la volonté de paix des peuples et les informe de leurs intérêts communs, au-delà de toutes les propagandes. Nous appelons les esprits indépendants, savants, grands écrivains, éducateurs, à prendre leurs responsabilités pour la fonder ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les badauds assistent
à un défilé de tacots,
le 16 février 1950 à Paris

 

Après Cahors et le Conseil général du Lot, Figeac se déclare favorable par 82 % des électeurs

Le Lot avec un ensemble étonnant se déclare parcelle du monde, imité par les Conseils généraux de dix départements du sud de la France et par un certain nombre de villes étrangères. Le grand projet fait boule de neige, ses auteurs ont l’ambition de l’étendre à une zone d’expérimentation comportant trois millions d’habitants, comme celles qui viennent de se constituer en Inde et dans le Tennessee. Elles formeront les premiers laboratoires d’étude des questions concrètes d’intérêt mondial, notamment la libre circulation des richesses, des hommes et des idées. Et pour marquer d’une pierre blanche cette explosion des vieux carcans, on va créer une route du monde sans frontières, qui partira de Cahors pour unir les individus, les entreprises, les villes et les territoires mondialisés.

 

Un cortège de voitures s’engage solennellement sur la « voie sacrée », qui passe sous les feux de la Saint-Jean

Le 24 juin 1950, les Cadurciens du monde voient arriver chez eux Orson Welles (cf. note [1]), l’auteur de films qui ont fait fureur comme « Citizen Kane », ou « Le Troisième Homme » [8], André Breton, le père du surréalisme, Lord Boyd Orr, fondateur à I’O.N.U. de la Food and Agriculture Organization et prix Nobel de la paix [9], des hommes politiques, des économiste, des délégations étrangères, une foule de journalistes... La ville est pavoisée de drapeaux arc-en-ciel, les couleurs des communes mondialisées. Dans la rue les « manifestants », les plus ardents sont des lycéens, surtout de terminale, fascinés par la perspective d’une coordination planétaire : « Il régnait une atmosphère de détente, de dialogue entre des citoyens de tous âges, de toutes conditions et de toutes opinions, un petit quelque chose de bonhomme qu’on retrouvera dans les moments d’éclaircie de mai 68 », se souvient le docteur Sauvé.

 

 

 

 

 

 

 

 

Colloque au théâtre municipal. le fondateur Robert Sarrazac (debout), au centre André Breton,
à ses côtés le Dr. Sauvé

 

Un colloque a lieu au théâtre, beaucoup de discours sont prononcés au balcon de l’hôtel de ville couvert des drapeaux des principales villes du monde. Et le soir est inaugurée au pont Valentré la première borne de la « route sans frontières N° 1», qui se contente pour l’instant d’aller à Saint-Cirq Lapopie, avec d’autres bornes métalliques posées à Laroque-des-Arcs, Vers, Saint-Géry, Tour-de-Faure, Bouziès et Saint-Cirq, avant de faire un jour le tour de la terre. Déjà la veille, Figeac avait planté sa borne. Le vieux pont Valentré est le cadre d’un fantastique son et lumière, avec l’hymne à la joie de Beethoven et feu d’artifice. Puis un cortège de voitures s’engage solennellement sur la route mondiale, la « voie sacrée », qui passe sous les feux de la Saint-Jean allumés par les villageois. Pour André Breton, ce sera le chemin de Damas, le choc de la vision de Saint-Cirq-Lapopie accroché sur son piton au-dessus du fleuve, où il achètera l’auberge des mariniers pour y passer les mois d’été et où il écrira : « J’ai cessé de me désirer ailleurs ». L’ancien guide de Saint-Cirq, Georges Cabessut, revit cette soirée mémorable : « Ils avaient posé des bornes avec les distances aux grandes capitales, c’étaient des pionniers du monde uni : Ce jour-là on savait que des huiles devaient venir, mais on ne connaissait pas leurs noms. J’avais illuminé le village avec des feux de Bengale, ils ont tous trouvé le site magnifique ».

Le lendemain dimanche, à Cahors-Mundi, les folles journées mondiales continuent dans la liesse populaire. Lord Boyd Orr fait sensation avec sa grande silhouette de vieux gentleman écossais. Les visiteurs prestigieux sont reçus à la mairie, à la préfecture où le préfet Justin ému lève son verre à l’idéal de justice, de liberté et de paix que préfigure cette « manifestation triomphale ». Propos surprenants dans la bouche d’un représentant du pouvoir central, que le principe de la mondialisation remet profondément en cause : elle est partie du constat que les gouvernements nationaux sont incapables d’assurer la sécurité et le bonheur des individus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première borne de
la « route mondiale »
reliant le pont Valentré
à Saint-Cirq-Lapopie

 

Que sont devenus les 78 % de Lotois enregistrés comme citoyens du monde ?

Comme pour confirmer cette remise en question des pouvoirs et des blocs, le soir même tombe la nouvelle de l’invasion de la Corée par la Chine, avec Staline qui tire les ficelles... L’humanité est à nouveau sous la menace d’un conflit planétaire, celui justement que les mondialistes voulaient éviter. Aujourd’hui, la guerre totale n’a pas eu lieu, mais que sont devenus les 78 % de Lotois enregistrés comme citoyens du monde dans 248 communes, soit la moitié des agglomérations françaises signataires de la charte et le quart de celles qui y ont adhéré dans le monde ?

En fait, le rêve mondialiste n’est pas mort : en 1963 était créé à Bruxelles un nouveau comité pour l’organisation d’un congrès des peuples. Constatant la « faiblesse provisoire des forces mondialistes », il appelle à un vote pour l’élection de deux délégués à l’assemblée constituante des peuples par tranches de dix mille électeurs, au lieu du délégué pour un million de citoyens préconisé dans le passé.

En 1974, les communes de Rocamadour et Puy-L’Évêque (l’ancien maire Ernest Marcouly a également été parmi les fervents adeptes du mondialisme), ainsi que les secouristes lotois furent invités par le maire de Rocamadour André Jallet à participer à cette élection, suivis en 1977 de Sarrazac, Vire-sur-Lot, Mauroux, Touzac et Soturac. À l’heure actuelle, le congrès compte quatorze délégués élus et quatorze suppléants, entourés d’experts chargés de définir les besoins fondamentaux de l’humanité, et les structures d’une autorité supranationale. Mais on ne peut pas dire qu’il fasse beaucoup parler de lui.

Pourtant, sait-on que parmi les périls dénoncés dès les origines par l’esprit mondialiste figurent, outre la menace nucléaire, la destruction irraisonnée des grandes richesses naturelles et la pollution sous toutes ses formes ? Cette prise de conscience et les nobles aspirations qui l’accompagnaient semblent être restées lettre morte pour bon nombre de ces cités du Lot et du globe qui y souscrivaient dans l’euphorie il y a une quarantaine d’années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Élisa Breton devant l’une
des bornes retrouvées à Vers

 

Quant aux bornes de la première route mondiale, elles ont depuis longtemps disparu de la petite départementale, emportées par la rouille ou les amateurs de curiosités... Nous avons retrouvé deux d’entre elles chez des particuliers, à Vers et Bouziès, grâce aux recherches effectuées par madame Élisa Breton, qui s’est passionnée pour notre travail sur une époque qui a marqué un tournant dans la vie d’André Breton, le plus célèbre enfant adoptif du Lot, venu là par solidarité, un jour de juin 1950...

 

 

Philippe Seel & Andrée Barbaroux

Cahors-Mundi 1949-50 - La folle épopée du Lot mondialisé
Dire Lot n° 24, oct.-nov. 1990. - Documents Louis Sauvé

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Nos plus vifs remerciements au docteur Louis Sauvé, ancien président du Conseil de mondialisation du Lot, dont les souvenirs, les documents et les photos nous ont permis de réaliser cet article, à Andrée Barbaroux, qui a effectué une recherche documentaire et un travail d’interview remarquables, et à la bibliothèque municipale de Cahors.

 

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NOTES de Michel Auvray :

Précisions et rectifications. Paru dans Dire Lot en 1990, cet article cosigné Andrée Barbaroux et Philippe Seel constitue, sans doute aucun, le meilleur récit jamais publié jusqu’alors dans un périodique sur Cahors Mundi. Après avoir passé des années à consulter et croiser toutes les sources disponibles sur ces événements, l’historien se doit cependant de rectifier certaines erreurs factuelles.

[1] - Orson Welles n’était pas présent à Cahors pour l’ouverture de la Route mondiale ; il ne viendra dans le Lot que trois ans plus tard, en juillet 1953, à l’initiative d’Émile Baynac, l’animateur des Francs et Franches Camarades qui fit la rencontre déterminante avec Sarrazac début 1949 dans le train Paris-Toulouse ;

[2] - Le premier tronçon de la Route mondiale sans frontière reliait Cahors à Figeac, où fut inaugurée la première borne. La partie ouverte le 24 juin 1950 en présence de personnalités et de journalistes partait de Cahors jusqu’à Tour-de-Faure, face à Saint-Cirq-Lapopie embrasée ;

[3] - Robert Sarrazac n’était pas « un ancien colonel de la Résistance ». Né Robert Soulage, il était lieutenant-colonel et militaire de carrière. Entré à la caserne après avoir suivi les EOR en juin 1933, il bénéficia de la loi de dégagement des cadres militaires le 15 avril 1942 ; il passa donc neuf ans sous les drapeaux. Du reste, d’après Henri Frenay, le responsable du mouvement Combat, qui fut son chef, il ne rejoignit la Résistance que deux ans après qu’il l’en ait été sollicité ;

[4] - Le chiffre de 3 500 Cadurciens rassemblés le 17 juillet 1949 sur les allées Fénelon est pour le moins exagéré. Même si les services de police ont tendance à minimiser l’ampleur des manifestations, un rapport des Renseignements généraux non destiné à être rendu public estime les participants au nombre « de 1 000 à 2 000 personnes, ce qui est remarquable dans une ville dont la population est réputée pour son manque d’enthousiasme » ;

[5] - Ce n’est pas « trois jours après le meeting » mais treize jours plus tard, non le 20 juillet mais le 30 juillet, que la municipalité de Cahors adopta la Charte de mondialisation

[6] - Le café cadurcien dans lequel la version définitive de la Charte de mondialisation a été mise au point n’était pas situé « à l’angle du bd Gambetta et de la place Briand » : le café Le Bordeaux était alors en bas du boulevard Gambetta, presque face à la mairie, là où est aujourd’hui une agence de la Banque populaire ;

[7] - Le patronyme de Maurice Mirouse, conseiller municipal socialiste professeur d’histoire-géographie au lycée Gambetta, qui fut l’un des premiers résistants du Lot avec Jean-Jacques Chapou, et était alors si engagé dans l’action mondialiste, s’écrit avec un « s », non avec un « z » ;

[8] - Orson Welles est certes le réalisateur de Citizen Kane, mais non « l’auteur » du Troisième Homme ; il a un rôle important dans ce chef-d’œuvre inoubliable toutefois dû à Carol Reed ;

[9] - Lord Boyd Orr, Prix Nobel de la paix 1949, n’était pas présent « le 24 juin 1950 », il n’assista pas à l’inauguration de la Route ; il n’arriva en effet à Cahors que par le train de nuit, peu après 6 heures, le dimanche 25 juin donc.

 

Détails, sans doute. Cet article de Dire Lot a vraiment été travaillé, il est digne d’intérêt. Mais autant rectifier ces bévues au risque de les voir reproduites sans cesse, en particulier sur la Toile…

Michel Auvray

 

 

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